Découverte d’un effet antitumoral inattendu du fenbendazole associé à des vitamines

fenbendazole associé aux vitamines

Une étude menée par Ping Gao, Chi V. Dang et Julie Watson, publiée dans Cancer Biology & Therapy (PMCID : PMC2687140, PMID : 19049251), a mis en évidence un phénomène surprenant : l’association du fenbendazole, un antiparasitaire couramment utilisé chez les rongeurs, avec un régime enrichi en vitamines, pourrait inhiber la croissance tumorale dans un modèle murin de lymphome humain.

Fenbendazole Molécule

Un antiparasitaire devenu sujet d’étude anticancéreuse

Le fenbendazole est un médicament anthelminthique fréquemment utilisé dans les laboratoires de recherche pour éliminer les oxyures chez les rongeurs. Sa popularité repose sur son efficacité, sa facilité d’emploi et son excellent profil de sécurité.
Chez les rats et les souris, sa toxicité est faible (DL50 orale supérieure à 10 000 mg/kg), et il est métabolisé dans le foie en sulfoxyde de fenbendazole, sa forme biologiquement active. Son mode d’action repose sur l’inhibition de la polymérisation des microtubules, une propriété partagée avec certains agents anticancéreux comme le mébendazole.

Une observation fortuite lors d’un essai sur les rongeurs

Au sein d’un établissement de recherche de l’Université Johns Hopkins, un traitement de routine au fenbendazole destiné à prévenir les infections parasitaires a conduit à un résultat inattendu : les tumeurs d’un modèle de xénogreffe de lymphome humain ne se développaient plus chez les souris traitées.

Ce modèle, habituellement fiable à 80-100 % pour la formation de tumeurs en 21 jours, a montré une absence totale de croissance tumorale chez 40 souris traitées pendant 30 jours avec une alimentation contenant 150 ppm de fenbendazole.

Les chercheurs ont alors constaté que l’aliment administré contenait également un supplément vitaminique (vitamines A, D, E, K et B), conçu pour compenser les pertes nutritionnelles liées à la stérilisation par autoclave. Cependant, comme l’aliment n’avait pas été autoclavé, les rongeurs ont reçu des doses plus élevées de vitamines que prévu.
Cette observation a soulevé une question essentielle : l’effet antitumoral provenait-il du fenbendazole, des vitamines, ou de leur combinaison ?

Étude contrôlée : conception et résultats

Pour répondre à cette question, les chercheurs ont conçu une étude rigoureuse sur 20 souris SCID mâles âgées de 4 semaines, réparties en quatre groupes :

  1. Régime standard (témoin)
  2. Régime enrichi en fenbendazole
  3. Régime enrichi en vitamines
  4. Régime combinant fenbendazole et vitamines

Les souris ont reçu leur régime pendant deux semaines avant l’implantation de cellules de lymphome humain (3 × 10⁷ cellules sous-cutanées).
La taille des tumeurs a été mesurée tous les quatre jours jusqu’à atteindre un volume maximal de 1 500 mm³.

Les résultats ont révélé que ni le fenbendazole seul, ni les vitamines seules n’avaient d’effet significatif sur la croissance tumorale. En revanche, la combinaison des deux a entraîné une inhibition marquée du développement tumoral.

Hypothèse et précautions pour la recherche

Le mécanisme biologique expliquant cette synergie reste inconnu. Les chercheurs suggèrent que l’interaction entre le fenbendazole et les vitamines pourrait moduler le métabolisme cellulaire, les microtubules, ou encore des voies liées au facteur HIF-1α (facteur inductible par l’hypoxie), souvent impliqué dans la croissance des tumeurs.

Cette découverte met en lumière un point crucial pour la recherche biomédicale : l’utilisation du fenbendazole dans les expérimentations animales pourrait fausser les résultats des études tumorales si elle n’est pas strictement contrôlée. Les scientifiques recommandent donc d’employer ce médicament avec prudence dans les protocoles impliquant la croissance de tumeurs chez la souris.


Points clés à retenir

  • Le fenbendazole est un antiparasitaire sûr et efficace chez les rongeurs.
  • Combiné à des suppléments vitaminiques, il a montré une inhibition inattendue de la croissance tumorale dans un modèle de lymphome humain.
  • L’origine de cet effet synergique reste à élucider, mais cette interaction souligne l’importance de contrôler précisément les régimes alimentaires expérimentaux.

Comparaison des teneurs en vitamines entre les régimes standards et enrichis

Le tableau ci-dessous présente les différences de composition vitaminique entre deux types de régimes utilisés dans l’étude :

  • un régime régulier non stérilisable, et
  • un régime stérilisable enrichi en vitamines, conçu pour compenser les pertes liées au processus d’autoclavage.

Les données, fournies par le fabricant Harlan Teklad, montrent une augmentation significative des concentrations vitaminiques dans le régime complété, notamment pour les vitamines du groupe B.

VitamineRégime régulierRégime enrichiUnitéAugmentation (%)
Vitamine A (rétinol)15,430,7UI/g+100 %
Rétinol (équivalent mg/kg)4,659,31mg/kg+100 %
Vitamine D (D3)1,542,05UI/g+33 %
Cholécalciférol38,3951,18g/kg+33 %
Vitamine E101126mg/kg+25 %
Vitamine K351102mg/kg+100 %
Vitamine B1 (thiamine)16,5117,6mg/kg+613 %
Vitamine B2 (riboflavine)14,927,2mg/kg+83 %
Niacine (vitamine B3)41,287,3mg/kg+112 %
Vitamine B6 (pyridoxine)18,526,8mg/kg+45 %
Acide pantothénique (vitamine B5)33141,6mg/kg+329 %
Vitamine B12 (cobalamine)0,080,15mg/kg+88 %
Biotine (vitamine B8)0,300,82mg/kg+173 %
Folate (vitamine B9)3,348,41mg/kg+152 %

Source : Données déclarées par le fournisseur Harlan Teklad.
Le régime enrichi présente des concentrations vitaminiques jusqu’à six fois supérieures, en particulier pour les vitamines B1 et B5, susceptibles d’interagir avec les voies métaboliques cellulaires impliquées dans la croissance tumorale.

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Protocole expérimental : injection des cellules tumorales et suivi de la croissance

Dès leur arrivée au laboratoire, les souris SCID ont subi un prélèvement sanguin par ponction de la veine faciale, réalisé sous contention manuelle.

Les échantillons ont ensuite été analysés à l’aide d’un automate (Hemavet 950, Drew Scientific Group, Dallas, TX) afin d’établir une numération globulaire complète et de vérifier leur état immunitaire de base.

Les cellules tumorales utilisées provenaient d’une lignée humaine de lymphome de Burkitt (P493-6). Elles ont été cultivées dans un milieu RPMI 1640 enrichi de 10 % de sérum de veau fœtal, et complété par 100 U/mL de pénicilline et 100 µg/mL de streptomycine pour prévenir toute contamination bactérienne.

Après lavage et comptage, une suspension de 3 × 10⁷ cellules a été préparée dans du PBS stérile. Chaque souris a ensuite reçu une injection sous-cutanée de ce mélange (100 µL) dans le flanc.

La croissance tumorale a été surveillée tous les quatre jours à l’aide d’un pied à coulisse, et le volume tumoral a été calculé selon la formule : Volume = longueur × largeur² × 0,52 mm³.

L’expérience a été interrompue lorsque les plus grosses tumeurs ont atteint 1 500 mm³, seuil éthique fixé par le protocole.
Avant l’euthanasie, un nouveau prélèvement sanguin a été effectué afin d’évaluer l’évolution des numérations globulaires entre le début et la fin de l’expérience. Les données ont été comparées à l’aide du test de Student, pour déterminer la significativité statistique des différences observées.


Résultats : inhibition significative de la croissance tumorale

1. Taille des tumeurs

Les résultats ont montré une inhibition marquée de la croissance tumorale dans le groupe ayant reçu le régime combinant fenbendazole et vitamines.

Ces tumeurs étaient significativement plus petites que celles observées dans le groupe témoin (p = 0,009) et leur croissance initiale était retardée.

À l’inverse, le fenbendazole seul (p = 0,12) ou les vitamines seules (p = 0,82) n’ont pas entraîné de différence notable par rapport au groupe témoin.

Une légère tendance à une augmentation de la taille tumorale a été notée dans le groupe “fenbendazole seul”, mais elle a été attribuée à une valeur aberrante isolée.

Conclusion partielle : la synergie entre le fenbendazole et les vitamines semble être la clé de l’effet antitumoral observé.


2. Numération des globules blancs

Les analyses sanguines ont révélé des profils typiques de souris SCID, caractérisées par une faible numération des leucocytes et une carence en lymphocytes.
À la fin de l’étude, tous les groupes ont montré une réponse leucocytaire à prédominance neutrophile, signe d’une stimulation immunitaire.

Fait marquant, les souris recevant le régime fenbendazole + vitamines présentaient des taux de globules blancs et de neutrophiles significativement plus bas que les témoins (p = 0,001 et p = 0,04, respectivement).
Inversement, le groupe “fenbendazole seul” montrait une augmentation des lymphocytes (p = 0,009) et une tendance à une hausse globale des leucocytes (p = 0,06).

Ces résultats suggèrent que le fenbendazole pourrait exercer un effet immunomodulateur, bien que les mécanismes précis n’aient pas été confirmés faute d’analyses détaillées des sous-populations cellulaires.


Discussion : une synergie encore inexpliquée entre fenbendazole et vitamines

Cette étude met clairement en évidence qu’une association du fenbendazole avec un régime vitaminé entraîne une inhibition significative de la croissance tumorale dans un modèle de lymphome humain chez la souris.

Mécanismes potentiels

Le fenbendazole, comme d’autres agents anticancéreux (taxanes, vinca-alcaloïdes, quinolones), agit en inhibant la polymérisation des microtubules, perturbant ainsi la division cellulaire.
De plus, certains benzimidazoles apparentés — notamment le mébendazole — sont déjà documentés pour leurs effets antitumoraux et antiangiogéniques, via la réduction de la néovascularisation tumorale.

Les vitamines antioxydantes (A, D, E, K et B) présentes dans le régime enrichi pourraient amplifier cet effet.

Par exemple :

  • La vitamine E est connue pour supprimer le facteur NFκB, impliqué dans la survie et la métastatisation cellulaire.
  • Le folate (vitamine B9) et la vitamine B6 ont été associés à une réduction du risque de cancer colorectal.
  • Certaines vitamines antioxydantes pourraient aussi moduler l’activité du facteur HIF-1α, une protéine clé dans la réponse tumorale à l’hypoxie.

Les auteurs émettent l’hypothèse que la combinaison fenbendazole + vitamines pourrait abaisser le seuil d’activation du HIF-1α, réduisant ainsi la capacité des cellules cancéreuses à s’adapter à un environnement pauvre en oxygène. Des résultats préliminaires in vitro confirment d’ailleurs que le fenbendazole inhibe l’activité transcriptionnelle de HIF-1α.


Interprétation immunologique et implications

L’étude confirme que le fenbendazole seul produit moins d’effet antitumoral significatif dans ce modèle précis, mais stimule certaines réponses lymphocytaires importantes.

L’association avec des vitamines module l’environnement tumoral, entraînant :

  • une diminution du volume tumoral,
  • une baisse des neutrophiles circulants,
  • et une réduction globale de la charge tumorale.

Ces observations indiquent que le métabolisme vitaminique pourrait jouer un rôle déterminant dans la réponse antitumorale induite par le fenbendazole.


Conclusion : prudence et perspectives pour la recherche

Les résultats de cette étude, financée par la Leukemia & Lymphoma Society (LLS6175-08), le NIH (CA57341) et Johns Hopkins Research Animal Resources, ouvrent des pistes prometteuses.

Le fenbendazole, bien qu’efficace et sûr comme antiparasitaire, pourrait s’associer avec des études oncologiques si son usage en recherche était sérieusement encadré.

Cette interaction inattendue avec les vitamines souligne l’importance de contrôler rigoureusement les régimes alimentaires et apports vitaminiques utilisés dans les protocoles expérimentaux.

🔍 En résumé :

  • Associé à des vitamines, il entraîne une inhibition des cellules cancéreuses significative.
  • Le mécanisme repose probablement sur une interaction entre microtubules, métabolisme vitaminique et activité du facteur HIF-1α.

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Source article et bibliographie : https://pmc.ncbi.nlm.nih.gov/articles/PMC2687140/

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